Des écouteurs avec le volume au maximum risquent de provoquer des pertes d’audition permanentes. Près d’un milliard de jeunes dans le monde sont concernés par une pratique certes séduisante, mais aux conséquences redoutables.
Écouteurs, concerts et disco, bonjour les décibels
Depuis l’arrivée des smartphones, on reproche souvent aux jeunes d’avoir les yeux rivés sur l’écran à longueur de journée. Mais une autre habitude risque d’avoir des conséquences plus dangereuses : des écouteurs dans les oreilles en permanence.
Que ce soit dans la rue ou les transports en commun, on les voit souvent écouter de la musique. Certes ce n’est pas gênant pour les voisins. Mais, parfois, la musique que l’on entend en les croisant témoigne du niveau sonore élevé qu’ils reçoivent dans les oreilles.
Près de la moitié de 19 000 jeunes interrogés reconnaît écouter de la musique trop fort.
Les scientifiques estiment qu’au-delà de 40 heures d’écoute par semaine au-dessus de 85 décibels, il y a danger pour l’oreille. Or un baladeur à volume maximum produit environ 100 décibels, soit le même niveau de bruit qu’un marteau-piqueur.
Le décibel est l’unité de mesure de l’intensité d’un bruit. Une conversation tourne autour de 40 à 60 décibels… Une brasserie ou une rue bruyante : 70 à 80 décibels. Quant aux discothèques ou aux concerts, ils varient entre 105 et 120 décibels, soit le niveau d’une sirène d’ambulance.
Le seuil de douleur est atteint entre 120 et 130 décibels, soit le bruit d’un réacteur d’avion.
Une perte d’audition sur le long terme
Après des dizaines d’études réalisées au cours des 20 dernières années, un rapport récent vient confirmer les risques de perte d’audition en cas d’écoute de musique à un niveau élevé.
L’étude publiée dans la revue scientifique BMJ Global Health a été coordonnée par la Dr Lauren Dillard, chercheuse à l’Université de médecine de Caroline du Sud.
Ses résultats sont sans appel : « L'exposition volontaire au bruit à des fins récréatives, ou une écoute non-sécuritaire, est un facteur de risque modifiable de perte auditive chez les jeunes et peut augmenter le risque de perte auditive avec l’âge ».
L’avertissement est important car les jeunes ne vont pas se rendre compte tout de suite de la perte d’audition, qui n’est pas brutale, mais progressive. Les auteurs du rapport précisent : « L'impact du bruit peut s'accumuler avec le temps et provoquer une perte auditive de plus en plus importante ».
Car à la longue, une intensité sonore trop importante peut fatiguer les cellules, en détruisant peu à peu les cellules sensorielles. On n’est pas dans le cas de figure d’une explosion qui entraîne une surdité brutale, totale ou partielle. Mais l’exposition prolongée à des niveaux de bruit intenses conduit progressivement à une surdité irréversible.
Les signes avant-coureurs de ces pertes d’audition se matérialisent par des bourdonnements ou des sifflements dans les oreilles, appelés acouphènes. Et, selon de nombreux ORL, c’est la raison de la plus grande partie des consultations pour troubles auditifs.
La méthode de travail de cette étude a également permis de mesurer la prévalence de chaque type d’exposition. Pour les pratiques d’écoute dangereuses comme les casques ou les écouteurs, le risque est d’environ 24 %. Mais la prévalence monte à 50 % pour les lieux de divertissements bruyants.
Ne pas rester sourds aux avertissements
Cette surexposition au bruit avec risque de perte d’audition concerne, dans le monde, entre 670 millions et 1,4 milliard de personnes âgées entre 12 et 34 ans, sur un total de 2,8 milliards.
Selon ameli.fr, le site de l’Assurance Maladie, l’exposition au bruit est la principale cause de surdité. On parle de l’intensité du bruit, mais aussi de la durée d’exposition à un niveau sonore trop élevé.
Les artistes en savent quelque chose. Entre 30 et 50 % des musiciens souffrent d’acouphènes et de perte auditive, à des degrés divers. Avec les amplis à fond, les fans en délire et les tournées, les occasions de silence sont rares.
Entre Bob Dylan, Eric Clapton, Phil Collins, Sting ou Neil Young, ils sont nombreux à être victimes de problèmes d’audition. On dit même que Georges Harrison, l’un des quatre Beatles, est devenu sourd au moment de prendre sa retraite en 1998.
Pour ne pas devenir comme eux, plusieurs précautions existent pour protéger son capital auditif.
Contre les pertes d’audition : baisser le son
En dehors des cas de pertes d’audition pour des raisons d’anomalies physiques, le plus simple est de baisser le son. Car, finalement, c’est un problème de comportement individuel : c’est à chacun de nous de protéger son audition. En baissant le volume sonore, donc, mais aussi en écoutant de la musique moins longtemps.
Les autorités sanitaires conseillent de limiter l’écoute au casque ou avec des écouteurs à une heure par jour, avec le volume à moitié. Certains smartphones proposent des alertes pour vous prévenir, soit sur le volume, soit sur la durée. Et parmi les gestes conseillés figure également le réflexe de ne pas s’endormir avec des écouteurs en fonctionnement.
Enfin, si vous percevez des sifflements ou des bourdonnements fréquemment, ou en vous réveillant, consultez votre médecin traitant pour envisager des tests d’audition. Ils peuvent vous indiquer si un traitement est nécessaire pour éviter des effets irréversibles.