Alors que la pénurie d’Amoxicilline sévit dans le monde entier, la France reste le quatrième pays le plus gros consommateurs d’antibiotiques en Europe. Leur consommation répétée et trop souvent inadaptée provoque l’apparition de bactéries résistantes.
Infection et antibiotique
On appelle infection la maladie provoquée par l’entrée dans le corps d’un germe, comme une bactérie ou un virus. Une fois entré par la bouche, le nez ou une blessure sur la peau, l’agent infectieux se fixe sur un ou plusieurs organes pour s’y multiplier.
Non seulement il empêche l’organe de bien fonctionner, mais il libère aussi dans le sang des toxines, qui provoquent les symptômes de l’infection.
Les bactéries sont très courantes. Certaines sont indispensables à l’homme, comme celles de la flore intestinale, nécessaires à la digestion : elles sont des milliards. Celles sur la peau aussi, elles nous protègent des agents infectieux extérieurs : c’est pourquoi une coupure de la peau peut provoquer une infection, rien n’empêchant de passer les microbes.
Depuis la découverte en 1941 de la pénicilline, les antibiotiques ont sauvé des millions de vie. Mais chaque antibiotique n’agit que contre une ou plusieurs bactéries particulières. On parle de spectre d’activité. De plus, les bactéries se renforcent et construisent des défenses, provoquant une résistance à certains antibiotiques.
Enfin, il est important de comprendre que les antibiotiques ne sont efficaces que contre les bactéries, pas contre les virus.
Si, au cours de votre dernier voyage en métropole, vous avez attrapé la grippe, inutile de vous bourrer d’antibiotiques en rentrant à La Réunion, cela ne sert à rien !
Les antibiotiques, ce n’est pas automatique
Plus d’un Français sur deux pense encore que les antibiotiques sont efficaces contre le mal de gorge, alors que plus de 80 % des angines sont provoquées par des virus.
Contrairement à la croyance commune, les antibiotiques ne soignent pas tout. Seules les maladies d’origine bactérienne peuvent être combattues par les antibiotiques.
La rhinopharyngite, la grippe, la bronchite aiguë ou la majorité des angines nécessitent des médicaments antiviraux. Ils ne sont prescrits qu’en fonction du virus et de l’état de santé. Le plus souvent, les infections virales guérissent sous l’action du système immunitaire, sans traitement. C’est le cas des rhumes ou des gastro-entérites.
Les antibiotiques ne peuvent rien non plus contre la fièvre, la toux, les maux de tête ou les troubles digestifs qui sont des symptômes.
Par contre, l’usage répété et à mauvais escient des antibiotiques contribue à rendre les bactéries résistantes. Cette antibiorésistance se développe peu à peu et pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde. On estime à 12 500 le nombre de décès qu’elle provoquerait déjà en France.
L’antibiorésistance, un danger trop méconnu du public
Pour lutter contre l’antibiorésistance, le premier geste consiste à éviter les infections, par exemple en se lavant souvent les mains, ou en conservant les aliments convenablement.
Ensuite, faites confiance à votre médecin. C’est son métier de savoir quand utiliser et quand ne pas utiliser les antibiotiques. Les réseaux sociaux ne sont pas toujours de bon conseil.
Principaux prescripteurs d’antibiotiques, les médecins de ville ont un rôle essentiel à jouer contre l’antibiorésistance. Santé Publique France rappelle que 20 à 30 % des prescriptions d’antibiotiques ne sont pas nécessaires.
Selon un sondage de 2020, 92 % des médecins reçoivent des pressions de leurs patients pour se faire prescrire des antibiotiques. Et beaucoup regrettent le peu de temps qu’ils peuvent consacrer à expliquer les méfaits de l’antibiorésistance.
Car la méconnaissance du public reste importante. C’est la raison pour laquelle Santé Publique France, le ministère de la Santé et de la prévention et l’Assurance Maladie ont lancé en novembre une campagne de prévention contre l’antibiorésistance.
Son slogan : « Les antibiotiques : bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser ».
Les vidéos de cette campagne sont visibles sur Youtube
Rappelons que les antibiotiques doivent être pris sur la durée la plus courte possible, en suivant strictement la prescription. Il s’agit d’éviter que la bactérie ait le temps de développer une résistance.
Les antibiotiques doivent aussi être utilisés strictement selon les doses prescrites. En prendre plus n’est pas plus efficace. A l’inverse, en prendre moins peut ne pas être assez efficace, et risque fort d’aider la bactérie à devenir résistante.
Par ailleurs, le traitement doit être administré pendant toute la durée prescrite : la disparition des symptômes ne veut pas dire suppression de toutes les bactéries combattues. D’où une reprise possible de l’infection.
Enfin, à la fin du traitement, les antibiotiques qui restent doivent être retournés à la pharmacie. Il s’agit d’éviter une utilisation « sauvage », c’est-à-dire sans ordonnance, des antibiotiques restant.
A quand la délivrance des médicaments dans la quantité prescrite ? La vente uniquement de boites pleines contribue à l’usage inconsidéré et souvent dangereux de médicaments. Cela provoque également des dépenses en remboursement inutiles pour l’Assurance Maladie et les complémentaires santé.
