Alors le coût des pièces détachées automobiles explosent, l’usage de pièces recyclées ne fait pas l’unanimité des usagers. Pourtant les mutuelles y voient un moyen de faire baisser le prix des réparations auto, et de prouver leur volonté d’être responsable en poussant à l’économie circulaire.
1.Des pièces comme neuves
Qu’on les appelle pièces recyclées, de réemploi (PRE), ou encore PIEC (Pièces issues de l’économie circulaire), elles sont toutes en parfait état. Elles ont été fabriquées par le même constructeur que les neuves et sont également garanties. Elles répondent donc aux mêmes critères d’exigences que les neuves, sur les plans qualité et sécurité.
Elles proviennent d’une casse automobile, appelée aujourd’hui centre de traitement de véhicules hors d’usage (centre VHU). En France, il y a environ 1700 centres VHU, agréés par l’État.
Les véhicules hors d’usage sont majoritairement des véhicules cédés par un assuré, suite à leur déclaration par l’assurance comme véhicule gravement endommagé (VGE), ou comme véhicule économiquement irréparable (VEI). Rappelons que les VEI désignent les véhicules dont la valeur de remplacement est inférieure au montant des réparations, suite à un sinistre, comme un accident, un vol ou un événement climatique.
Le rôle des centres VHU est de valoriser les épaves, en prélevant les éléments recyclables, et en éliminant les polluants. Ce qui reste, considéré comme déchet, part vers un broyeur qui séparent les matières pour les recycler.
Seules certaines peuvent être retenues pour être réemployées. Il s’agit des pièces :
- de carrosserie amovibles, comme les ailes, les portières, les pare-chocs, les capots, les hayons, les rétroviseurs…
- de sellerie ou de garnissage intérieur comme les sièges, les garnitures de portes ou les tableaux de bord…
- des vitrages non collés ;
- d’optique, comme les phares ou les clignotants ;
- mécaniques ou électroniques, sauf si elles font partie des trains roulants, des éléments de direction, des organes de freinage ou des éléments de liaison au sol qui sont assemblés, soumis à une usure mécanique et non démontables.
Avec la loi de transition énergétique de 2015, applicable depuis le 1er janvier 2017, les réparateurs automobiles doivent proposer aux consommateurs de choisir entre pièces neuves et pièces issues de l’économie circulaire.
2.L’utilité des pièces de réemploi
Plusieurs raisons poussent à faire appel à l’économie circulaire en matière de réparations automobiles.
Au premier plan, c’est l’environnement qui est gagnant. Avec un million de véhicules qui partent chaque année à la casse dans les centres VHU agréés, recycler les pièces comme neuves relève du bon sens. Car détruire ce qui peut encore servir est hélas un des travers de la société de consommation.
Cette chance de seconde vie donnée à des pièces en bon état évite d’en fabriquer des neuves, et donc préserve des matières premières et réduit le gaspillage d’énergie. C’est plutôt d’actualité.
Accepter l’usage de PRE pour réparer votre véhicule est également une bonne opération pour votre portefeuille. Avec un coût entre 40 et 50 % moins élevé qu’une pièce neuve, les pièces de réemploi permettent de réduire la facture chez le garagiste. Là aussi, difficile de refuser.
Mais ces pièces recyclées ont aussi une utilité moins évidence quoique intéressante : prolonger la durée de vie de votre véhicule. Et ce de deux façons :
La première repose sur la baisse du coût des pièces qui a pour conséquence de faire baisser le coût des réparations. Cela va ainsi réduire le risque de voir votre voiture classée comme économiquement irréparable.
La seconde concerne les vieilles voitures dont les pièces sont difficiles à trouver ou hors de prix. Le recyclage peut vous permettre de trouver la pièce qui vous manque pour continuer à rouler en toute sécurité.
Autre raison par ces temps de pénurie de matières premières sur le marché de l’automobile : éviter une attente parfois longue pour qu’une pièce neuve soit fabriquée et disponible.
Enfin, se pose la question de la disponibilité des filières de traitement. Celle des véhicules hors d’usage abandonnés est en cours de structuration à La Réunion, qui, en tant qu’île, a également des problèmes de place. Et comme ici on aime bien la voiture, un opérateur de la place, par exemple, récupère chaque année 90 000 batteries automobiles, rien que dans le département.
3.Le point de vue des assureurs
« Les assureurs, et notamment la Fédération française de l’assurance, ont pleinement joué leur rôle lors des travaux d’adoption de la loi (de 2015, Ndlr), puis des textes réglementaires. Le recours à ce type de pièce permet, dans certains cas, de rendre économiquement réparables des véhicules qui seraient autrement voués à être détruits. En ce sens, elle a son utilité sociale ».
Pourtant, la part de marché de la pièce de réemploi frôle à peine les 4 % d’un marché total des pièces de rechange d’environ 13 Md€ ht. Il existe donc encore quelques réticences chez les assurés.
Car, de leurs côtés, les acteurs de l’assurance poussent activement au recours aux pièces recyclées. Avec, entre 2005 et 2016, un prix des pièces de rechange automobiles qui a augmenté de 41,4 %, contre +13,5 % pour l’inflation, il est en effet difficile de maîtriser les tarifs des polices d’assurances.
De même, face à un client, de nombreux assureurs préféreraient leur proposer de sauver leur véhicule, au lieu d’une indemnisation pour un VEI.
Et, pour faire avancer le dossier, les assureurs proposent que la filière des pièces de réemploi soit encore mieux structurée, notamment en facilitant l’identification des pièces et leur disponibilité, via leur numérisation. Dans le même sens, les assureurs aimeraient que la traçabilité des pièces de réemploi soit optimisée. Ils verraient également d’un bon œil une classification des centres VHU, en fonction, entre autres, de bonnes pratiques sur les pièces de réemploi.
Enfin, les compagnies d’assurance souhaiteraient voir intensifiée la lutte contre les filières illégales de VHU partant à l’étranger.