En ce début d’été austral, les autorités sanitaires craignent une recrudescence de leptospirose. Communément appelée la maladie du rat, cette infection se contracte au contact d’un milieu humide contaminé par l’urine des rongeurs. En augmentation dans l’île depuis 2017, cette maladie grave, invisible et méconnue a provoqué ici la mort de 3 personnes en 2022.
1 Une maladie bactérienne en forte augmentation
Transmise à l’homme par certains rongeurs, essentiellement les rats, la leptospirose touche de plus en plus de personnes chaque année dans le monde. Le nombre de cas sévères, potentiellement mortels, dépasse désormais le million annuellement.
Principalement stockées dans les reins des animaux contaminés, les bactéries appelées « leptospires » passent ensuite dans l’urine avant de contaminer leur pelage et l’environnement. On les retrouve ainsi dans les rivières, les étangs ou les lacs. Mais aussi dans la boue ou les flaques d’eau. Les bactéries de cette zoonose, nom des maladies provenant d’un animal, peuvent survivre jusqu’à 6 mois en eau douce.
Les rats sont porteurs de la forme la plus grave : la leptospirose ictéro-hémorragique. En métropole, elle représente 1/3 des cas recensés et 2/3 des cas graves hospitalisés.
Selon l’Agence Régionale de Santé La Réunion, 165 cas ont été déclarés en 2022, contre 139 en 2021 et 129 en 2020. L’année dernière, une hospitalisation s’est avérée nécessaire dans 7 cas sur 10, avec un passage en réanimation dans 1 cas sur 4.
La saison des pluies constitue une période particulièrement propice à son extension, avec des conditions de température et une pluviométrie très favorables. Les fortes pluies de l’été austral provoquent souvent une large contamination du milieu, notamment les eaux stagnantes en bord de ravines.
2 Travailleurs et amateurs de loisirs nautiques en première ligne
Reconnue comme maladie professionnelle, la leptospirose touche de nombreuses professions au contact de l’eau. Nombreux sont ceux qui travaillent dans des milieux humides susceptibles d’être souillés par les déjections des rats. On estime à un tiers l’origine professionnelle des cas recensés.
Travail dans les égouts, entretien des canaux, des parcs aquatiques, vidange des fosses, laiteries, abattoirs, pisciculture, coupe de la canne à sucre… La liste des professions à risque est longue.
Mais sont également impactées plusieurs activités de loisirs et de sport de nature. Avec le développement de l’urbanisme et les nombreuses tentations que nous offre le cadre naturel exceptionnel de notre île, les risques d’entrer en contact avec un milieu contaminé sont importants.
A La Réunion, la grande majorité des cas recensés se retrouve dans la pratique du jardinage, de l’élevage « la kour », ou dans des loisirs en eau douce comme la baignade, le canoë-kayak, le rafting, ou encore la pêche ou la chasse.
D’autres sports de nature présentent un facteur de risque également comme la spéléologie, le canyoning, les raids nature…
Autant d’activités qui font la renommée de notre île et pour lesquelles quelques mesures simples permettent de limiter grandement les risques de contamination.
3 Des symptômes proches de la grippe ou de la dengue
Les bactéries de leptospirose entrent généralement dans l’organisme par la peau, profitant de coupures ou de plaies non protégées. Mais elles peuvent aussi contaminer les muqueuses du nez, de la bouche ou les yeux.
La période d’incubation peut prendre plusieurs jours et la maladie ressemble parfois à une grippe. Ces premiers symptômes peuvent facilement être confondus avec ceux de la dengue ou du Covid-19 :
- Forte fièvre brutale, souvent supérieure à 38,5°C ;
- Douleurs musculaires et dans les articulations ;
- Nausées, vomissements ou maux de tête.
Diagnostiquée de manière précoce, cette maladie se soigne très bien avec des antibiotiques. Mais, dans certains cas, les leptospires endommagent les reins, le foie ou les poumons, rendant nécessaire une hospitalisation en réanimation.
D’où l’importance de consulter un médecin rapidement en cas de symptômes après la pratique d’une activité dans une zone à risques. Une augmentation des globules blancs ou une baisse du nombre de plaquettes sanguines, suite à une analyse de sang, peut révéler la présence d’anticorps spécifiques.
4 Quelques précautions en guise de prévention
La leptospirose restant encore une maladie méconnue, la prévention est la meilleure précaution. Quelques gestes simples, notamment en matière de protection, limitent les risques de contamination :
- Désinfecter les plaies et les protéger avec des pansements imperméables ;
- Ne pas se frotter les yeux ni toucher sa bouche ou son nez ;
- Ne pas marcher pieds nus ou en savates dans les eaux stagnantes ou boueuses ;
- Respecter les interdictions de baignade dans les lieux signalés à risque…
- Se laver les mains après une activité sportive ou de loisirs ;
- Luttez contre les rats en nettoyant sa cour des déchets ;
- Si vous êtes professionnels, portez des gants et des bottes, et désinfecter régulièrement les locaux et les matériels.
- Si vous travaillez dans un environnement à risques, demandez à votre employeur de prendre en charge votre vaccination.
A noter qu’à La Réunion, les souris seraient plus souvent infectées que les rats. Et le tangue, dont la chasse va s’ouvrir le 15 février, ne serait pas vecteur de la maladie.
Autre précaution utile, avoir une mutuelle santé adaptée à vos besoins et à vos activités. Notre comparateur Comparanoo est là pour vous aider.
