Alors que l’espérance de vie s’allonge, le vieillissement de la population est une réalité, autant que le numérique ou l’écologie. Mais cette augmentation des plus de 65 ans s’accompagne d’un accroissement du nombre de personnes atteintes de problème de santé, conduisant parfois à une perte d’autonomie.
Vieillissement de la population et dépendance
Vivre plus longtemps est certes une bonne nouvelle. Mais cette modification de la pyramide des âges, dans les pays développés, impose une adaptation de la société dans son ensemble. Il va falloir mieux prendre en compte les problèmes des anciens.
Les plus de 60 ans représenteront 35% de la population de l'UE en 2050, contre 20% en 1990. Il s'agit d'un véritable challenge social et économique. Et il ne se limite pas à la question du financement des régimes de retraite.
De fait, en devenant de plus en plus nombreuses, les personnes âgées posent la question de leur place dans la société et de leur droit au bien vieillir.
Et ces nouveaux défis sont devenus des sujets majeurs d’inquiétude pour les Français. 76 % ont peur de ne pas disposer de ressources suffisantes pour faire face à leur propre dépendance ou à celle de leurs proches.
Rappelons que la dépendance liée à l’âge signifie une perte d’autonomie, souvent physique. Mais elle peut aussi être cognitive, c’est-à-dire liée à la perte de mémoire, d’attention ou de capacité de raisonnement.
Progressivement apparaissent des difficultés à accomplir seul des actes de la vie courante. S’habiller, préparer les repas, faire sa toilette, se déplacer, faire le ménage… devient compliqué. Il est alors nécessaire d’avoir l’aide ponctuelle ou permanente d’une personne tierce.
Et si les seniors dépendants représentaient 2,5 millions de personnes en 2015, ils devraient quasiment doubler dans les décennies qui viennent. On estime ainsi qu’ils devraient atteindre en France près de 4 millions d’individus en 2050.
Et les chiffres ne sont pas encourageants à La Réunion, où les personnes en perte d’autonomie sont à la fois plus nombreuses et plus jeunes qu’en métropole. Elles devraient être trois fois plus en 2050 qu’aujourd’hui.
Mais, autant la Sécurité sociale et les complémentaires santé couvrent une grande part de la santé, autant la perte d’autonomie représente encore pour les ménages et la société une facture encore très lourde à supporter.
Maintien à domicile ou établissement spécialisé
Plus de 80 % des Français souhaitent pouvoir vieillir tranquillement à leur domicile. Un désir bien sûr légitime de rester dans un espace chargé d’habitudes et de souvenirs.
D’autant que les EHPAD (Établissements d’Hébergement pour les Personnes Âgées Dépendantes) ont une mauvaise réputation. Entre les scandales dénoncés par les médias, et leur image de maison pour personnes très dépendantes, les seniors hésitent. D'autant qu'il est difficile d’y trouver une place et que leur coût reste important. Toutes ces raisons font que les anciens préfèrent rester dans leur foyer habituel.
De toute façon, c’est aux seniors de décider de leur avenir. L’expérience montre que forcer une personne à s’installer dans une maison spécialisée peut créer de fortes tensions.
Reste que pour bien vivre sa vieillesse chez soi, il faut anticiper l'apparition des premiers signes de perte d’autonomie. L’aménagement de son lieu de vie fait ainsi partie des précautions à prendre en prévision de futures fragilités.
C'est pourquoi, entre le risque d’accident et d’isolement, vivre chez soi le plus longtemps possible n’est pas toujours raisonnable.
Heureusement les proches et la famille jouent un rôle fondamental dans ce bien vieillir chez soi. Dans 80 % des cas, l’aide à domicile est assurée par la famille. Et cette main d’œuvre gratuite est bien vue par les autorités qui poussent à garder les personnes âgées chez elles.
Mais avec la perte d’autonomie qui augmente, se pose la question d'embaucher des aides à domicile, voire d’entrer en établissement spécialisé. Sous réserve, bien sûr, d’en avoir les moyens financiers.
Quel financement pour la dépendance
Autant la Sécurité sociale et les complémentaires santé couvrent une grande part de la santé, autant la perte d’autonomie représente encore pour les ménages et la société une facture encore très lourde à supporter.
La dépendance coûte cher, à la fois à l’État, mais également aux familles pour qui un reste à charge élevé peut aboutir à d’importantes difficultés financières.
Ainsi, un auxiliaire de vie coûte environ 2000 euros par mois pour 3 heures chaque jour. Et il faut compter le double en cas de travail de nuit. Sans oublier le coût des aménagements nécessaires du logement : revêtement de sols antidérapants, douche à l’italienne, suppression des tapis, adaptation de l’éclairage…
Pour un Ehpad, il faut compter entre 2000 et 3000 € par mois, au minimum.
On estime ainsi les dépenses totales de la dépendance à 30 milliards d’euros chaque année, dont environ 6 milliards d’euros sont supportés par les ménages.
Bien sûr, la Sécurité sociale prend en charge les interventions des infirmiers et des kinés à domicile. Et, au-delà de 60 ans, il est possible de demander une allocation personnalisée d’autonomie (APA), versée par le Conseil départemental. Son montant dépend du niveau de revenus.
Mais une récente étude de la Mutualité Française chiffre à 500 euros le reste à charge médian chaque mois pour une personne dépendante.
D’où sa proposition d’une couverture dépendance permettant de recevoir une rente mensuelle en cas de dépendance lourde. La cotisation varierait de 10 à 20€ par mois, suivant l’âge du début de cotisation.
Et près de 70 % des Français sont favorables à ce type de financement collectif de la dépendance, basé sur la solidarité. De même, 80 % des Français sont favorables à l’instauration d’une couverture dépendance généralisée, selon un sondage de juin 2023.