Les cyberattaques sont toujours considérées comme la principale menace pour les assureurs. Mais en 2024, la cybercriminalité utilise désormais l’IA pour profiter de la dématérialisation croissante de la société. Et ce tournant majeur dans la guerre numérique risque de coûter très cher aux entreprises, aux particuliers… et aux assurances.
Petite histoire des pirates de l’informatique
Les hackers sont des pirates informatiques qui contournent les sécurités d’un système informatique. A la naissance d’internet, ils attaquaient Microsoft ou Google pour abus de position dominante. C’était les années 80. Sorte de compétition entre hackers, ces piratages relevaient plus de la prouesse en réussissant à pénétrer le système informatique de grandes entreprises, comme dans le film WarGames.
Aujourd’hui, nous sommes dans une autre dimension, celle de la cybercriminalité. On parle demande de rançon, blocage des systèmes informatiques, vols de données, déstabilisation.
Certes, il y a toujours des « White Hat », ces hackeurs payés par les entreprises pour tester la sécurité de leur système informatique. Ils ne cherchent pas à exploiter financièrement une faille, mais aident l’entreprise à la corriger.
Mais on parle plus des hackers « Black Hat », qui contournent la sécurité des ordinateurs pour espionner, voler ou frauder. Certains sont payés par des entreprises pour voler des informations chez les concurrents, comme tout savoir sur leurs nouveaux produits.
D’autres vont bloquer le fonctionnement d’une entreprise, totalement ou partiellement, et proposeront ensuite de tout réparer en échange d’argent. Parfois, l’objectif est simplement de faire du mal.
La cybercriminalité aujourd’hui
Mais de nos jours, de nombreuses équipes de cybercriminels sont financées par les gouvernements pour bloquer des infrastructures ou semer la confusion dans la population. Les plus connus agissent depuis la Chine, les Etats-Unis ou la Russie. Mais l’Iran est aussi célèbre dans ce domaine avec des hackers très doués.
L’explosion de l’usage des smartphones contribue aussi à l’extension des cybercrimes. Harcèlement en ligne, usurpation d’identité sur les réseaux sociaux, vente d’adresses email ou de numéros de téléphone volés… la variété des attaques est infinie.
Qui n’a pas déjà reçu un mail vous informant que votre compte informatique a été piraté et qu’il faut envoyer tout de suite un nouveau mot de passe pour se sécuriser. Si vous cliquez sur le bouton proposé, vous tombez dans le piège et offrez vos données personnelles à la revente sur le dark web.
Cette technique dite de hameçonnage fait partie des plus utilisés, surtout chez les jeunes via leur smartphones.
Mais c’est l’usage aujourd’hui de l’intelligence artificielle qui rend ces attaques toujours plus sophistiquées. L’IA permet en effet de créer facilement des messages personnalisés, très crédibles et convaincants.
C’est notamment le cas de l’IA generative, qui sert à générer des textes ou du son en réponse à une sollicitation de l’utilisateur en mode texte. Certains trouvent sans doute intéressant que l’ordinateur ou des objets répondent à la voix. Mais des personnes malveillantes peuvent entraîner l’intelligence artificielle à s’en servir pour vous tromper ou vous abuser sur l’identité de votre interlocuteur.
Comprendre, générer et interagir avec le langage humain, grâce à l’intelligence artificielle, ouvre la porte à des cyberattaques de plus en plus difficiles à détecter, donc à contrer.
La cyber assurance
Face à cette cybercriminalité, les entreprises développent des stratégies de cybersécurité adaptées à leur taille et à leur activité. Mais cela représente un vrai défi pour les RSSI ou CISO (Responsables de la sécurité des systèmes d’information) et les DSI (Directeurs des systèmes d’information).
Ils doivent en permanence innover et maintenir une culture de sécurité au sein de leur entreprise, notamment grâce à l’intelligence artificielle. Mais surtout ils doivent se préparer à faire face aux conséquences d’une violation de données.
Lire à ce sujet notre article : « Les cyberattaques, principale menace pour les assureurs ».
Généralement la responsabilité civile exclue le piratage et le vols de données numériques. Il faut donc souscrire une cyber assurance supplémentaire pour couvrir, au moins en partie et par exemple :
- La récupération des données perdues ;
- La perte de revenus durant l’attaque ;
- La perte de fonds due à la fraude ou à l’extorsion ;
- Le coût de l’envoi d’un avis aux victimes d’une violation ;
- Le coût de la surveillance du crédit d’une victime d’un vol d’identité, etc.
Certes l’argent peut difficilement réparer les dégâts psychologiques que les fausses informations ou les manipulations peuvent créer. On imagine le doute que doivent ressentir ces milliers de lycéens qui ont récemment reçu des menaces d’attaque de leur établissement, suite à un vol de données.
Mais pour un chef d’entreprise, toute réduction du coût d’une cyberattaque est bonne à prendre. Les dégâts d’un ransomware ou d’un Advanced Persistent Threat sont potentiellement à 6 chiffres.
Avec l’entrée en force de l’intelligence artificielle dans notre quotidien, on risque d’assister, impuissant, à une guerre de l’IA contre l’IA. Et il est bien difficile de prévoir qui va gagner.